Le ministère de la Justice lance une inspection imprévue à grande échelle du Centre des Témoins de Jéhovah. Qu’est-ce que cela signifie ?
Le 15 février 2017, le Centre administratif des Témoins de Jéhovah en Russie a dû remettre plus de 73 000 pages de documents internes (photo) au ministère de la Justice de la Fédération de Russie. Dans l’avis d’inspection non programmée, le Ministère de la justice de la Fédération de Russie ne cache pas qu’il agit à la demande du Bureau du Procureur général de la Fédération de Russie. Que signifie un tel contrôle ?
Le 2 mars 2017, un délai d’un an expire à compter de la date d’envoi d’un avertissement au « Centre administratif » concernant l’inadmissibilité des activités extrémistes. Dans ce document, le procureur général adjoint de Russie menace de fermer une organisation religieuse centralisée si de « nouveaux faits » d’activité extrémiste sont révélés dans les 12 mois. Les croyants ont tenté en vain de contester l’avertissement du procureur devant les tribunaux de diverses instances, prouvant ainsi l’illégalité et le caractère farfelu des accusations d’extrémisme portées par les Témoins de Jéhovah.
Au cours de ces 12 mois, les cas de falsification de preuves contre les Témoins de Jéhovah sont devenus beaucoup plus fréquents, principalement en plantant des « documents extrémistes » imprimés dans les lieux de culte. Rien qu’en 2016, il y a eu au moins 46 lancers de ce type, dont certains ont été enregistrés par des caméras de surveillance. Les croyants ont envoyé des déclarations pertinentes aux forces de l’ordre, mais au lieu d’enquêter sur eux et d’identifier les auteurs, les bureaux du procureur ont émis des avertissements aux croyants eux-mêmes.
Pour mettre les Témoins de Jéhovah hors la loi, le parquet a recours à un schéma simplifié. Un seul dépliant planté équivaut souvent à un avertissement d’une organisation religieuse locale (LRO). Après cela, dans l’année qui suit l’avertissement, en raison de nouvelles plantations, de « nouveaux faits » sur les activités extrémistes de cette LRO sont formés. Sur cette base entièrement fabriquée, le LRO est liquidé. Et le fait de la liquidation de la LRO est utilisé pour accuser l’organisation centralisée d’extrémisme. C’est sur cette base que l’avertissement a été adressé au centre administratif. Et le bureau du procureur général, dans sa demande au ministère de la Justice de procéder à une inspection non programmée, affirme que de « nouveaux faits » d’activités extrémistes du centre administratif ont déjà été établis, puisqu’après un avertissement dans le cadre du programme susmentionné, plusieurs autres LROS ont été liquidés.
Le parquet a-t-il l’intention d’utiliser ce stratagème contre le Centre administratif des Témoins de Jéhovah en Russie et de le liquider sur la base d’accusations forgées de toutes pièces d’extrémisme ? On ne le sait pas, mais toutes les mesures nécessaires ont déjà été prises par le bureau du procureur général.
« Aujourd’hui, le ministère de la Justice, à la demande du bureau du procureur général, étudie en profondeur les biens et les activités des Témoins de Jéhovah en Russie », explique Yaroslav Sivulsky, du Centre administratif des Témoins de Jéhovah en Russie. Nous ne le savons pas. Cependant, étant donné que la religion des Témoins de Jéhovah est professée par des centaines de milliers de citoyens russes, une telle mesure serait un véritable désastre pour les droits et les libertés dans notre pays. Sans aucune exagération, cela nous renverrait aux temps sombres de l’oppression de la foi, qui sont encore frais dans la mémoire de l’ancienne génération. J’espère que cela n’arrivera pas.